Les joies d'Ikéaaaaaa

En Hongrie aussi, nous connaissons le pèlerinage Ikéa. Souvenir d'une journée épuisante, vraiment épuisante.


Les pandas du zoo de Budapest. Photo M.H.

Je rebondis sur l'actualité et sur cet excellent dessin posté sur FB par Blandine Vié à propos du décès d'un monsieur suédois (ai-je le droit de le publier ici ?). En Hongrie aussi, nous avons un Ikéa. Certes, la Hongrie n'est pas bien grande (attention, sujet sensible) mais il faut quitter sa cambrousse et pousser jusqu'à la capitale pour pénétrer le temple du meuble et des fanfreluches. Nous voilà donc partis un jour de vacances avec nos deux adolescents (le troisième étant à Pékin) et la ferme intention de passer la journée à traîner dans les rayons, comme on aurait fait une balade en forêt. Une forêt de fauteuils, de canapés, de lampes et d'oreillers à donner le tournis.

Nous y allons en connaissance de cause et avec un petit espoir - pas trop grand tout de même - de trouver pour notre gars de 15 ans une solution pour sa chambre. Une chambre spacieuse, ex-cuverie de la maison, que nous avons du mal à meubler. D'où l'idée lumineuse de nous rendre chez le spécialiste suédois de l'aveuglement. Il a fallu d'abord se garer. Notre Coco, vaillant Transporter de 2001 aux 530 000 kilomètres au compteur, ne rentre pas dans le parking, car elle toise 2 m au garot. Mais comment font les autres ???? Ah, ils se font livrer ? Bonne idée, sauf que la livraison pour le fin fond de  notre cambrousse coûte trois fois le prix d'un canapé.

Tant de tant

Nous nous garons dans une rue adjacente.  Qu'importe après tout, nous allons juste nous promener. Les zozios ont faim. Ikéa propose des mini hot dogs pour 150 ft (0,30 €) et la boisson à volonté. Le hall du magasin ressemble au métro à l'heure de pointe. Après vingt minutes de queue, mes  hommes me suggèrent un self service à l'étage. Rebelote, une demi-heure d'attente pour se voir la purée balancée à coup de louche dans mon auge. Nous sourions. Il commence à faire chaud. Je me dévêts. Le ventre plein, nous nous lançons dans la jungle. Des milliers de pandas entassés dans des cages nous accueillent à l'entrée. Des faux, ouf. Je ne sais pas pour vous, mais pour moi très vite le mal de crâne s'installe.

Fauteuils qui ne remplaceront jamais mes biscuits roses. Photo M.H.

Pourquoi tant de placards, tant de taies, tant de housses, tant d'ampoules, tant de tant ? Heureusement, il y a les "mètres carrés". Le cube de 21 m2 qu'Ikéa a entièrement transformé en appartement de luxe où tout y est même la douche et la cuisine et le bureau et le salon et la chambre. Admiration. Le 43 m2 au teintes bleutées et envoûtantes, le 50 m2 tout de blanc vêtu, le 25 m2 aux rouges lumineux. ça, j'adore ! A vrai dire, c'est ce qui m'a motivée à traîner mes garçons jusqu'ici plutôt que de se glisser dans les bains (de Budapest). Et pour les ados ? Y'a quoi chez Ikéa pour les ados ? Une pièce de 8 m2. La seule et unique pièce de vie pour ado des 10 000 m2 de l'entrepôt. Parfaitement étudiée, bravo, car notre godelureau se l'accapare de fait, s'affale sur le lit une place comme un hippopotame dans un flaque de boue et n'en bouge plus.

Pitié ! Il est 19h30 !

Le père, lui, consciencieux, s'assied comme un sage élève au petit bureau gris acier parfaitement étudié aux mesures de ce minuscule espace. Il ouvre le catalogue, prend le crayon noir estampillé au nom de la marque, et une fois assuré que son teenager rêve de cet immense placard aux portes coulissantes qui couvre tout un pan de mur, il s'attèle à sa dure tâche. Ce sera long. J'aurai le temps d'essayer tous les matelas avec le petit frère. De repérer les babioles dont j'aurais éventuellement besoin mais que je n'achèterai finalement pas, grâce à mon mal de tête.

Des heures plus tard, mon pauvre mari est toujours le nez dans les calculs et son fils prostré, avachi sur la couette, rêveur, répondant de temps en temps par un mou "ouaih" sorti du fond la gorge. Il est temps pourtant de commander auprès d'un vendeur à l'habit jaune la totalité des éléments nécessaires à la fabrication de l'ensemble Ikéa (référence Snorstrbrunn). Il est temps car la liste est longue. Il faut des portes larges de 50 cm, à moins qu'on prenne du 60 cm ? Du verre translucide ? Du blanc, du gris, du noir ? Des patères Kohnseyï ? Des fermetures, des petites étagères au-dessus, en-dessous... Pitié ! Il est 19h30, la boutique ferme dans un demi-heure. La vendeuse, charmante malgré la fatigue, entre précisément les données dans l'ordi avec ses faux ongles criblés de fleurs multicolores. Tout va bien. Ah, excusez-moi, il manque les vis n°25687, je ne pourrai pas vous les fournir. Et puis, pour les portes coulissantes, il faut aller à l'autre bout du magasin, un collègue vous les commandera. A propos, désolés, il ne nous reste que du noir.

5 m2 pour petit petiot. Photo M.H.


Et c'est nous qui paye ????

Perplexité. Samuel a rempli sa feuille, consciencieusement, avec chiffres, des dimensions, des coûts. En un après-midi, il a fait office d'archi d'intérieur, de technicien du bois de l'alu et preneur de mesure, de comptable aussi. Mais rien n'est complet. Doté d'une quantité incroyable de patience, il suggère de revenir un autre jour. Nous sommes ici depuis le matin. Sa résignation est aussi étonnante mon que mon mal de crâne est imposant. Sortir d'ici ! Prendre l'air !! Pitié ! Au fait ? Le prix de tout ce travail ? Ahhhh.. Et si on prend les portes les moins chères ? Si on prend pas les étagères ? C'est toujours aussi cher ? Et c'est nous qui paye ????

Bon, on reviendra. De toute façon, il faut qu'on fasse d'abord la peinture des murs. Et ça, y'en a encore pour des mois. Et puis, pour le meuble, tout compte fait, si on demandait à Monsieur Bob (il porte toujours un bob), le menuisier du village...

La fameuse 8 m2 pour ados. Photo M.H.
L'entrée du temple Pipéa. Photo M.H.

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