7 milliards de pollueurs et moi et moi et moi


Quand je pose le pied par terre, je pollue. Petit calcul de ce que je laisse à la planète. Pas folichon. Et vous ?

Quand je me lève le matin, je traverse la maison. Jusque-là, je n'ai pas beaucoup détruit la planète. Mais je commence par faire un pissou. Mes urines partent dans les égouts, je tire la chasse, et là c'est déjà trop. On est combien à faire pareil ? Je prends ma douche, elle coule longtemps, ou mon bain (il paraît que c'est pire, mais tout dépend de l'eau qu'on fait couler dans la baignoire et de la durée de la douche). Je me lave les dents, le matin, le soir, parfois dans la journée. Je ne supporte pas d'avoir les dents sales. Alors j'évite de faire couler l'eau quand je frotte mes quenottes. Parfois j'oublie. Je culpabilise. C'est normal. Ne pas gaspiller l'eau. Cela me rappelle un petit livre qu'on lisait à nos garçons quand ils étaient petits. C'était un lapin, Lapinou, qui avait les oreilles dressées. Tout au long du livre, quand il faisait quelque chose de mal, ses oreilles s'emberlificotaient comme les hélices d'un hélicoptère. J'ai l'impression que mes oreilles s'emberlificotent régulièrement si je pense trop à la planète.

Je lance une machine à laver le linge. J'essaie de ne pas trop souvent laver les fringues. Trois garçons, un mari et moi, ça va vite. Mon homme a été éduqué à base d'un ensemble par semaine (haut et bas). Il fallait tenir et pas se salir. Bougnettes interdites ! J'ai été élevée par une ratonne laveuse. Aujourd'hui encore, elle fait trois machines par jour avec une culotte et une paire de chaussettes dedans. Le tambour vrombit du matin au soir. Tout partait au linge sale, même le propre. Face à ces deux opposés, ma technique est simple : quand ce n'est pas sale et que ça ne pue pas, je ne lave pas. Un minimum de poudre, le moins possible d'adoucissant contre lequel je me bats, mais mon benjamin fait souvent la réflexion : "ça sent pas la rose, tu n'as pas mis d'adoucissant ?" P... de marketing !

Les crottes de chien. Je les ramasse avec des sacs plastique. Parfois avec des feuilles mortes aussi, c'est sûrement mieux. Les plastics !! J'essaie, comme beaucoup, de ne pas les utiliser. Je prends des cabas, des sacs réutilisables, des paniers. On peut les éviter, certes, ces foutus sacs plastiques. On essaie, du moins. On les imagine collés au mollet quand on s'enfonce dans la mer et là, on veut plus savoir qu'ils existent encore. Mais quand on prend des légumes dans les rayons, parfois, difficile de les éviter. Au moins, je leur donne une seconde vie, c'est ma façon à moi d'avoir les oreilles dressées vers le haut.

Côté emballages, si on veut se donner un bon mal de crâne, il faut fermer les yeux et imaginer les rayons chinois. Quand on les a déjà vus. C'est une vision d'horreur. Une overdose de déchets à venir. Mais je ne sais pas pourquoi, je leur fais confiance, aux Chinois. Quand Xi Jinping le décidera, la Chine entière se mettra au vert, et à grande échelle. Ils banniront les emballages. A grande échelle. On peut toujours rêver. Et c'est vrai qu'ils sont encore très loin dans l'autre extrême.

Papiers, cartons, bouteilles de lait, bouteilles plastique de jus de fruit : je mets tout dans la poubelle jaune, la poubelle des emballages. Oreilles dressées. Mais j'ai bien conscience que cela ne suffira pas à sauver la planète. La journée continue. Je prends ma voiture. Aï, de ce côté-là, on n'est pas bon. On a une vieille rougne de 2001 qui court encore au diesel - oreilles croisées !!! - mais qui fait un sans faute au contrôle technique donc nous nous sentons dans les clous... C'est pas tout : on vient d'acheter une petite voiture (essence) qui nous est arrivée à Noël. Pendant quinze ans, on a été sacrément écolo avec une seule bagnole à la campagne. On peut voir ça comme ça aussi.

Les courses ? J'achète peu en vrac. Le foin des chevaux est en vrac. Le reste, j'avoue, non. Peut-être les noix de cajou et les amandes grillées. Tout au plus. Les fruits et les légumes, mais rien de nouveau. La poudre à laver, les pâtes sont toujours dans des paquets et des sacs et des boîtes. Toujours marketés, toujours plus chers comme ce papier de cuisine qui atteint les 700 forint (normalement ça coûte 150 ft) parce que c'est "food friendly". Forcément bio, et biodégradable. Bien sûr, on y croit.

En allant faire les courses,je n'oublie pas les bouteilles en verre : soit je les jette dans le contenant pour verre, soit je les retourne au Mammouth. Il existe beaucoup de verre consigné ici pour les bières, les sirops, l'eau. Pas pour le vin, à ma connaissance. Mais je fais peut-être erreur. Pour la fête de nos vingt ans de mariage, je n'ai pas acheté une seule bouteille en plastique. Que du verre consigné. C'est donc faisable. Sauf pour nos vins, comme dit plus haut. Le reste du temps, on boit de l'eau du robinet, qui est a priori potable. Mais à savoir ce qu'il y a dedans...

Quand je vais voir mes chevaux, a priori je ne pollue pas trop. Les crottins sont transportés à coup de diesel par la Jeep du club, certes, mais pour le reste, le monde du cheval est ici plutôt nature. Les pets des chevaux, peut-être, comme ceux des vaches, polluent la planète. Dans ce cas, les miens aussi.
Il m'arrive de prendre l'avion. Mauvais, ça, l'avion. Je n'ai toujours pas mis une croix dessus. J'ai un peu du mal, mais je voyage très peu. Ce n'est pas une excuse. Je m'envole bientôt à Paris, puis en Chine. Cela ne me dérangerait nullement d'y aller à cheval, mais c'est un peu compliqué en logistique, et en temps bien sûr. Mais le rêve n'est pas loin.

Le soir, nous appuyons sur le programme écolo pour le lave-vaisselle. On se sent mieux en se couchant. Ah, j'allais oublier. J'envoie beaucoup de mails, je suis sur Facebook et sur Instagram, j'utilise WhatsApp et Messenger, j'ai un téléphone portable que je change uniquement à cause de l'obsolescence programmée et j'ai un ordi avec tout ce que ça suppose. Je suis une grosse pollueuse devant l'éternel. Je me dis que si les photos sont malsaines pour la planète, alors mes oreilles vont finir en dreadlocks.

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