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Affichage des articles du novembre, 2017

Arte, les dessous d'un tournage (1)

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Grosse pluie sur la 37 C'était le 17 octobre 2015. Il pleuvait des cordes. J'avais rendez-vous avec István Szepsy, à Mád. Le vigneron était dans une phase dépressive - la morosité du ciel aidant sûrement - et il se confia à moi, comme il lui arrive de le faire, autour d'un verre dans son fief,  l'Első Mádi Ház, un café au style italien à l'entrée de la bourgade. Il faisait le point sur les vingt dernières années, à l'aide d'un crayon et d'un papier sur lequel il dessinait des courbes et des chiffres, et se posait plein de questions sur l'avenir et les nouvelles directions à prendre pour ses soixante hectares de vignes et ses vins. Habitué à rebondir - il n'est pas le plus impressionnant et le plus respecté des producteurs de Tokaj pour rien -, il me dressa, dans un nouvel élan, un tableau enthousiaste et plutôt culotté de son projet : faire des Aszú de Crus, et les vendre en petites quantités à des prix astronomiques. Bouche à l'enver

Betti

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L'examen se tient à 14 heures. Au 12, Szent Erzsébet, la salle de concert de l'école de musique de Sárospatak. Gabika néni, la professeure de violon, a préparé un morceau de bienvenue qu'une dizaine d'enfants interprètent tous en coeur, donnant le ton. Béla bacsi, le directeur, et Monika, son adjointe, battent la mesure inlassablement, avec leur tête. Ils dodelinent, machinalement. Les petits commencent, avec du pengetés . Ils font claquer les cordes sous leurs doigts de bébé, en esquissant quelques notes. Puis les plus grands défilent, les uns après les autres. Jupes noires et blouse blanche pour les filles, pantalon noir et chemise blanche pour les garçons, avec parfois un gilet brodé de fleurs hongroises multicolores flanqué sur le dos. Les filles ont des noeuds dans le cheveux qui leur donnent un air sage. Les violons grésillent. Les archets crissent. L'espoir grandit avec la taille des enfants. Mais la déception est grande. Plus les jambes sont longues,

Etoiles d'ici et d'ailleurs

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Pourquoi ? Pourquoi avoir quitté les étoiles des Champs Elysées pour s'installer à Olaszliszka ? Combien de fois m'a-t-on posé la question. On ? Des parents d'élève (hongrois), essentiellement. Paris, la Ville Lumière, qui attire la Terre entière, le symbole de l'amour, du romantisme, de la mode, de la beauté, de la gastronomie, des palaces et des grands restaurants, cetera cetera... Alors qu'Olaszliszka... Village paumé au bout de l'Europe de Schengen, à la frontière slovaque et ukrainienne. Village petit, village tsigane, village maudit, village meurtri. Le visage du parent forme alors une grimace. Ce rictus qui accompagna longtemps le nom de la commune. Je baisse les yeux. J'ai mal. Mal pour "mon" village. Mais cela ne dure pas. Je les relève et là, je dis, très distinctement, pour bien me faire comprendre de mes amis magyars, "A Olaszliszka aussi, on a des étoiles." J'ai posé mes dicos à Olaszliszka en 2004. Les dicos, exis

Le vertige de la page noire

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Voilà ce qui arrive quand on a trop de choses à raconter. Le vertige de la page noire, comme dit Augustin, notre fiston de 17 ans qui est à Pékin pour une année scolaire. On lui a demandé de nous poster tous les dimanches un Long-Courrier de Chine, prolongement de notre Long-Courrier familial, un journal à parution variable né avec notre faire-part de mariage, il y a dix-huit ans. Augustin nous raconte ses aventures de Pékinois, mais il a problème : trop de choses à écrire, pas de temps pour le faire. Tiens, les chiens ne font pas des chats. L'écriture, c'est de la matière, de l'inspiration, mais c'est aussi de la rigueur, une vraie rigueur. Les bons auteurs le savent et c'est grâce à cette exigence qu'ils sont édités. Autrement dit : avoir des choses à raconter, c'est bien, mais le faire vraiment, c'est mieux. Notre Chinois d'adoption s'y tient. Quant à sa mère... Ce Blog, cela fait des années que je l'imagine. Que je le tourne et le re